A l’image de la France, la population du village est à 80% paysanne à la fin du XVIIIe siècle. La plupart des paysans ne possèdent pas la terre ; ils sont cultivateurs, métayers, fermiers, et dépendent du bon vouloir du propriétaire qui peut les congédier sans préavis à la Saint Martin.
Au cours des 2 siècles suivants, ce monde a connu de profonds bouleversements que l’on peut diviser en 4 périodes :
1ère période : de la Révolution à 1850
A la révolution, la vente aux enchères des terres appartenant à l’église a permis à certains paysans de devenir propriétaires ; ils sont seulement 45 propriétaires à être répertoriés sur le recensement de 1836 ; toutefois une période faste s’ouvre pour nos paysans qui va durer jusqu’en 1870.
La 1ère moitié du XIXe ressemble au siècle précédent : on pratique une culture essentiellement vivrière avec un peu d’élevage, le travail est manuel, les journées sont longues et harassantes. La production agricole à Ennezat pour la 1ère décennie du XIXe est faible : 3700 qx de blé et 5500 qx d’orge. Ceux qui n’ont pas de terre peuvent travailler un jardin en location ou en métayage comme le montre le plan de 1814, leur nombre est important dans le village.
2ème période : de 1850 à 1914
La révolution industrielle va avoir une incidence sur le monde agricole disparition de la jachère, début de la mécanisation et des engrais phosphatés et potassiques qui vont améliorer les conditions de travail des paysans ainsi que les rendements, …
Les cultures se diversifient :
le blé obtient un rendement de 15 à 20 qx/ha, l’ orge et l’avoine sont utilisés pour nourrir les animaux, les assolements sont diversifiés et complémentaires, on cultive le trèfle, la betterave sucrière (grâce au duc de Morny qui rachète la petite sucrerie de Bourdon en 1836), la garance, le chanvre (qui disparaîtra au début du 20e siècle), la pomme de terre, le tabac (après la construction de la manufacture à Riom en 1882), la vigne que le phylloxera mettra à mal dès 1890 en Auvergne.
L’élevage reste la partie essentielle du travail et de l’économie rurale.
Après 1870 : plusieurs phénomènes concomitants vont entraîner l’exode des populations vers la ville et notre village ne sera pas épargné
La baisse des prix agricoles entraîne une baisse des revenus, la fin de certaines activités (colorants chimiques remplacent colorants naturels), des produits en provenance colonies qui concurrencent les produits locaux, le morcellement des propriétés provoqué par l’abolition du droit d’aînesse depuis la Révolution.
A la fin du XIXe siècle, 55% de la population est encore agricole à Ennezat.
3ème période : 1914-1960, très difficile pour nos paysans
Au début du XXe siècle, les paysans s’organisent : syndicats professionnels, coopératives agricoles, assurances, mutuelles pour se protéger des risques de mortalité du bétail et de l’incendie. Les comices agricoles sont encouragés par les pouvoirs publics.
La première guerre
mondiale va être terrible pour le village : 39 morts, 100 blessés ;
ce sont les femmes qui dirigent les fermes. Les productions les mieux payées sont
alors la pomme de terre et la betterave sucrière car il y a un besoin
important de sucre et d’alcool pour la
guerre.
Les années qui suivent ne seront guère meilleures : crise économique de 1929, catastrophe climatique en 1930- 1933-34-35, (le blé perd 50% de sa valeur), sécheresse de 1947 à 1950 ; mais le plan Marshall décrété par les Etats-Unis permettra l’arrivée massive de tracteurs et débutera la modernisation de l’agriculture.
4ème période : 1960-2000
La décennie 60-70 va apporter de grands changements à nos paysans :
la Pac, l’assainissement de la Limagne, pas moins de 3 remembrements, l’arrivée de Limagrain (1965)…. vont changer l’ancien monde ; nous sommes passés d’une agriculture vivrière à une agriculture industrielle qui amènera de meilleurs revenus à nos agriculteurs.
En 2000, 4 % de la population est encore agricole