De rue des boucheries Elle est devenue rue de la gendarmerie, puis rue de la fontaine
Les rues d’Ennezat avaient un nom au XIXe siècle ; c’est certainement consécutif au plan d’alignement de la ville décidé en juillet 1831 par le conseil municipal. Elles sont mentionnées sur le recensement de 1841 ; le recensement de 1896 ne les mentionne plus. Il reste alors seulement des quartiers : le quartier de la ville, de la fontaine, du château, de la porte neuve, de l’église ainsi que le Marais et les domaines du Peyroux, de Cheneboiras, Neuilhat, La Garenne, le moulin Finias et le moulin Derus.
Il faudra attendre les années 1980 pour que les rues d’Ennezat retrouvent une identité.
« De gueules aux chevrons fascés d’argent et d’azur accompagné de trois lionceaux d’argent posés en deux et un ».
Blason de la ville d’Ennezat.
L’usage des armoiries se développe vers le XIIème siècle. A cette époque, ceux qui savent lire et écrire sont peu nombreux aussi le blason va s’imposer comme signe de reconnaissance et peu à peu il devient héréditaire et propriété privée. A une époque plus récente ce sont les villes et les villages qui ont eu besoin de revendiquer leur identité; les héraldistes se sont alors inspirés des armes seigneuriales des différents fiefs de notre canton pour composer le blason de certaines communes. Pour Ennezat, l’inspiration semble être venue du blason de Antoine Coëffier qui a été seigneur d’Ennezat
Antoine Coëffierde Ruzé d’Effiat, marquis d’Effiat, né à Effiat en 1581 et décède le 27 juillet 1632 à Lutzelstein (commune appelée maintenant La Petite Pierre située dans le Bas-Rhin). En 1616, il est le 1er écuyer de Louis XIII. En 1629, il est nommé grand maître de l’artillerie de France. En 1631, il est fait maréchal de France. Il a été un grand ami de Richelieu. Il est le père de Cinq-Mars, dont Louis XIII était secrètement amoureux, et que Richelieu a fait exécuter en 1642 pour complot avec l’ennemi espagnol.
En 1627, Jean d’Estaing vend la seigneurie d’Ennezat à Antoine Coëffier qui la conservera jusqu’en 1632, date de sa mort.
Armoiries de Coeffier à l’origine du blason d’Ennezat : comparaison
Blason d’Antoine Coëffier – Blason de la ville d’Ennezat
Même fond rouge, même disposition des 3 lionceaux, or dans l’un, argent dans l’autre, la différence tient aux chevrons, ils sont horizontaux pour Ennezat et en vague pour Coëffier ainsi qu’à la forme générale du blason.
La tradition de tirer le col de l’oie à Ennezat en 1836
L’opposition du Curé Faye à cette pratique lors de la fête patronale de 1836 et son inflexibilité ont semé le trouble à Ennezat. Le document ci-dessous relate l’événement par la main du maire qui avise le sous-préfet, lequel informe le préfet qui propose de demander à l’évêque d’adresser des remontrances à M. le curé d’Ennezat.
Il ne faisait pas bon être voleur au début du XIXème siècle ; voyez plutôt le sort qui lui était réservé…… s’il se faisait prendre !
5 « compères » s’étant introduits de nuit dans la maison Fontanier d’Ennezat et y ayant dérobé des objets se sont vus condamner, pour 4 d’entre eux car l’un avait réussi à s’enfuir, à 14 années de fer ; 3 étaient d’Entraigues et 2 d’Ennezat. Avant d’aller exécuter leur peine au bagne de Toulon, ils ont été exposés pendant 6 heures sur la place du village, et ont dû rembourser les frais de leur condamnation soit 462 F, heureusement qu’ils étaient 4 à payer !
3 sont morts très rapidement au bagne en 1801, 1802 et 1803. Souhaitons que le 4ème ait pu rentrer chez lui une fois sa peine terminée ; c’était alors un « grand chanceux » car les conditions réservées aux « forçats » étaient terribles comme en témoigne le jeune Schopenhauer en 1804 lors d’un voyage dans le sud de la France, il a tout juste 16 ans :
« Les galériens exécutent dans l’Arsenal toutes les corvées. Un étranger ne peut être que frappé par leur aspect. On les a répartis en trois catégories : – Dans la première, on trouve regroupés les forçats condamnés à de courtes peines pour les crimes les moins graves : entre autres les déserteurs, les soldats qui ont refusé d’obéir aux ordres, etc… Ils portent un anneau de fer à la cheville et ils peuvent vaquer à leur guise – à l’intérieur de l’Arsenal s’entend – car l’accès à la ville [de Toulon] leur est interdit. – Dans la deuxième catégorie se trouvent des criminels plus dangereux : ils travaillent par paires ; ils sont attachés aux pieds, deux à deux par de lourdes chaînes. – Les criminels les plus dangereux forment la troisième catégorie : ils sont rivés en permanence au banc de leur galère et astreints aux seules besognes que leur permet la position assise. Je trouve le sort réservé à ces malheureux bien plus effrayant que la peine de mort. Je n’ai pas visité l’intérieur d’une galère. Elles me paraissent néanmoins être l’endroit du monde le plus repoussant et le plus apte à inspirer le dégoût. Ces galères ne prennent jamais la mer ; ce sont de vieux bâtiments réformés. Le camp du forçat se limite au banc auquel il est enchaîné, sa nourriture au pain et à l’eau. Je ne comprends pas comment, minés par le chagrin et sans aliments roboratifs, le poids des corvées n’a pas raison de leurs forces. En effet, pendant leurs années d’esclavage, on ne les traite pas autrement que comme des bêtes de somme. »
Objet de l’association : Connaitre et partager l’histoire et le patrimoine d’Ennezat pour entretenir la mémoire collective.
Fonctionnement : Ennezat Mémoire et Patrimoine est une association loi 1901 créée en septembre 2015. Elle possède un conseil d’administration élu lors des assemblées générales et un bureau élu par le conseil d’administration. Les adhérents et le CA proposent des sujets à traiter qui sont discutés au cours de réunions d’adhérents. Des équipes sont constituées pour en assurer la réalisation. Des cahiers sont publiés périodiquement et proposés à la vente. Des visites guidées du patrimoine sont organisées. Une AG est convoquée chaque année.
Nous avons besoin de vous pour compléter, enrichir ce site. Tous vos commentaires et propositions sont les bienvenus. Si vous avez des documents à partager ou tout simplement des souvenirs, des histoires sur notre village, nous serons très heureux de les publier .
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Du haut de ce clocher, 1000 ans d’histoire nous contemplent
Ennezat était certainement habitée depuis des temps anciens comme en témoigne encore l’aqueduc romain de la rue du Colombier, mais son histoire connue date de la décision du duc d’Aquitaine d’y installer un chapitre de chanoines en l’an 1060.
C’est au long de trois grandes périodes de l’histoire du village que cette collégiale va acquérir son aspect actuel :
Création d’un chapitre à Ennezat
Dès leur installation, les chanoines vont faire ériger une collégiale de pur style roman, peut être à l’emplacement d’une ancienne église ? Grâce aux subsides du duc d’Aquitaine cette collégiale sera érigée très rapidement et sera dédiée à saint Victor et sainte Couronne, 2 martyrs syriens. C’est l’époque des croisades et la 1ère a été prêchée à Clermont-Ferrand en 1095 par le pape Urbain II.
Construction de la Villeneuve d’Ennezat
Au début du XIIIe siècle l’Auvergne est rattachée à la couronne de France et une ville nouvelle va venir s’accoler à Ennezat le château. A partir de ce moment, l’église qui sert aux 2 communautés se révèle trop petite. Les chanoines décident alors de l’agrandir. La mode n’est plus au roman mais au gothique. On sait travailler la pierre de Volvic et la cathédrale de Clermont vient d’être érigée. Un chœur gothique va remplacer le chevet initial, les travaux trainent en longueur près de 100 ans. La période est moins faste que lors de la 1ère construction ; l’argent manque et la nef romane sera agrandie par l’ajout d’un collatéral sud. Les chanoines avaient-ils l’intention de refaire entièrement l’église ? En tout cas ils lui ont donné un aspect certainement unique au monde.
Gravure de l’église d’Ennezat (Bibliothèque Nationale de France). On peut y voir le collatéral sud et le clocher porche détruits par Aymon Mallay.
Travaux de Mallay au XIXe siècle
Reconstitution de Mallay du narthex et de la nef de l’église primitive d’Ennezat, coté sud (1846)
Après la révolution l’église est fermée au culte pendant plus de 30 ans (réouverture en 1820) et c’est Prosper Mérimée qui va la sauver de l’oubli et de la démolition. Elle est inscrite en 1840 sur la 1ère liste des monuments nationaux de France.
Les travaux sont confiés à l’architecte Aymon Mallay qui fera abattre le collatéral sud, créer une entrée monumentale à la place, abattre le clocher porche, refaire le clocher octogonal roman et de nombreuses autres réparations.
Quelques documents pour vous aider lors de votre visite de la collégiale
A quoi pouvait ressembler ce village en 955 pour que le duc d’Aquitaine de l’époque, Guillaume Tête d’Etoupes, décide d’y convoquer l’assemblée des seigneurs d’Auvergne pour la levée de troupes et où il y reçut leur serment de fidélité ? Et 100 ans plus tard pour que l’un de ses successeurs, Guillaume VI, décide d’y fonder un chapitre de 12 chanoines, qui entreprennent aussitôt la construction d’une église romane, faisant alors sortir le village de son anonymat.
Le Moyen Age une période prospère pour le village
Cette période du Moyen Age est prospère et a permis au village de se développer. Ce n’est certainement pas un hasard si, 200 ans après la création du chapitre, en 1260, le frère de Saint Louis, Alphonse de Poitiers, qui a reçu l’Auvergne en apanage lorsque cette province est tombée dans le giron du roi des francs, décide d’y créer une de ses 26 villes nouvelles. Et à la même période, une colonie juive s’y installe pendant près de 200 ans. Les nouveaux seigneurs d’Ennezat auront alors à cœur de faire prospérer cette ville : – création de 2 foires annuelles par Guillaume Flotte en 1341, à la Saint Marc (25 avril) et à la Saint Michel (29 septembre), – création d’un couvent des Augustins en 1352, De leur côté, les chanoines feront agrandir et embellir l’église.
Des jours plus sombres pour Ennezat
Mais l’incendie du château en 1690 va amorcer la descente du village, les revenus du chapitre diminuent, la Villeneuve d’Ennezat n’a pas d’octroi, les remparts sont source de conflit, le triage du Duc de Bouillon va priver les habitants d’une partie de leur pâture.
La Révolution va fusionner Ennezat le Château et la Villeneuve et le village va devoir se réorganiser.
Bouleversement au XIXe siècle
Le XIXe siècle sera porteur de profonds changements qui vont bouleverser ce village essentiellement agricole : * chemins vicinaux qui vont permettre un meilleur déplacement des gens et des marchandises, * règlementation autour de la santé, * école obligatoire pour tous, * nouveaux métiers, * création de corporations, d’associations professionnelles, de mutuelles pour que les gens ne se retrouvent plus seuls face à leurs problèmes.
Le XXe siècle
La révolution industrielle est en marche mais elle ne profitera pas vraiment au village qui devra attendre le XXe siècle pour voir arriver l’électricité (1909), l’eau (1929), et le tout à l’égout (1959).
Les paysans pour la plupart prennent un emploi à la ville tout
en gardant leurs champs, qui ne leur garantissent pas un revenu suffisant et
leurs enfants ne seront pas tentés de prendre leur succession.
Ennezat qui compte plus de 1800 habitants après sa scission avec Entraigues en 1824, va voir ce nombre décroître jusqu’à 777 habitants en 1946.
L’assainissement du marais des Limagnes et la PAC (1960-1970) vont contribuer à l’amélioration de leurs revenus et à ramener au village bon nombre de citadins pas convaincus d’une meilleure vie en ville et Ennezat saura leur proposer un cadre de vie intéressant avec toutes les commodités mais sans les inconvénients de la ville.
Ennezat compte 2 484 habitants au dernier recensement en 2017 appelés les Nazadaires Commune d’une superficie de 18,31 km2 Altitude : Mini : 308 m – Maxi : 333 m
Pour connaitre la démographie d’Ennezat de 1791 à 2021 Cliquez surCourbe démographique
Au début du XIIIe siècle, la ville d’Ennezat fait partie des biens du comte d’Auvergne confisqués par Philippe Auguste. Son fils, le roi Louis VIII, la donne en apanage à Alphonse de Poitiers, frère de saint Louis, qui y installe un de ses bailes et une ville nouvelle est construite.
A partir de là et jusqu’à la Révolution, 2 villes cohabitent avec 2 administrations différentes :
– Ennezat le Château ou Ennezat le Chastel
Ennezat le Château est le fief des Seigneurs de Montgascon qui passe à la Maison d’Auvergne en 1279 lorsque Béatrix de Montgascon épouse Robert VI comte d’Auvergne, puis en 1389 à la famille de la Tour d’Auvergne, par le mariage de Marie d’Auvergne avec Bertrand de la Tour d’Auvergne. Le château restera dans la famille jusqu’à la Révolution.
Au décès d’Alphonse de Poitiers, Philippe le Bel fait don d’Ennezat à son conseiller Pierre Flotte. La famille Flotte conservera cette ville jusqu’en 1431. Puis plusieurs familles vont se succéder, parmi les plus importantes : – Charles de La Rochefoucauld, comte de Randan, 1520-1583, est un militaire français. Il est gouverneur de Paris. – En 1627, Jacques d’Estaing la vend à Antoine Coiffier dit Ruzé marquis d’Effiat maréchal de France pour 90 000 livres. – En 1632, le petit fis d’ Antoine Coiffier la vend au financier John Law. – En 1727, Ennezat fut adjugé pour 56000 livres à Benoit Maugue et ses descendants vont la conserver jusqu’à la révolution.
C’est la Révolution qui va unifier le village
Le 14 décembre 1789, la Constituante vote une loi créant les municipalités ou communes désignées comme la plus petite division administrative en France. Élection ou nomination ? La fonction de maire est passée par un certain nombre de modifications avant d’en arriver à la situation du XXe siècle.
Tout d’abord, les agents municipaux (maires) sont élus au suffrage direct pour 2 ans et rééligibles par les citoyens actifs de la commune, puis ils sont nommés par le préfet. À compter de 1801, le maire est chargé seul de l’administration de la commune et les conseillers ne sont consultés que lorsqu’il le juge utile. Le maire exerce ce pouvoir absolu jusqu’en 1867. La loi sur l’organisation municipale, promulguée le 5 avril 1884, qui inspire encore de manière substantielle la législation actuelle, établit le principe de l’élection du maire et des adjoints par le conseil municipal. Elle fixe le mandat à quatre ans. Enfin, la loi du 10 avril 1929 porte de quatre à six ans la durée du mandat des conseillers municipaux, et donc des maires.
Peinture sur bois de la fin du XIIIe siècle, ancienne porte de la sacristie conservée au Musée Roger Quilliot à Clermont-Ferrand
En 1838, Prosper Mérimée repère une peinture sur bois très ancienne au niveau de la porte de la sacristie de la collégiale d’Ennezat.
Voici ce qu’il décrit : « La porte de la sacristie, qui donne dans le chœur, est un vieux tableau fort curieux, peint sur un panneau épais de noyer couvert d’une impression de céruse. On y voit trois évêques, assis dans leurs chaires, revêtus de costumes magnifiques, brodés d’or et de pierreries, portant des mitres très basses… Le style de cette peinture doit la faire regarder comme très ancienne, c’est peut être un ouvrage de quelque artiste italien….. Malheureusement le panneau a beaucoup souffert ; on y a enfoncé des clous, on l’a entaillé en vingt endroits ; enfin les paysans d’Ennezat, depuis bien des années sont dans l’usage d’y inscrire leurs noms avec la pointe de leurs couteaux… Tout mutilé qu’il soit, c’est encore un morceau très précieux… »
Sur les conseils de Mérimée, cette porte est achetée par le préfet de l’époque, Marc Meinadier, pour l’offrir au musée de Clermont, où elle est conservée depuis cette époque.
C’est une œuvre exceptionnelle par sa qualité et sa grande rareté.
Si cette frise a quitté l’église il n’en reste pas moins deux peintures murales remarquables qui valent à elles seules la visite de l’ intérieur de l’église :
La plus ancienne date de 1405, elle a été commandée par l’abbé Horelle. A l’origine elle se trouvait sur le mur de clôture du chœur, vers l’entrée du collatéral sud. C’est Mallay qui l’a faite déplacer et mettre à son emplacement actuel : il s’agit de la scène du jugement dernier.
« pria pour moy qui me regardes quar tyel seras quant que tu tardes : fais le bien tandis que tu vis quar après la mort n’auras nulz amis » auquel répond l’ange à droite : « regarda la grand’pitye de nature humayne. Come vient à destruction et forma vilayne. »
La seconde date de 1420, elle a été commandée par le chanoine Robert de Bassinhac en l’honneur de sa famille entièrement décimée. Elle est en 2 parties, la partie inférieure montre la famille du chanoine présentée à la vierge, dans la partie supérieure 3 élégants damoiseaux font face à 3 spectres décharnés. Cette fresque est appelée « le dict des 3 morts et des 3 vifs ».
« tel que tu es je fus, tel que je suis tu seras »
La sacristie
La porte séparant les 2 salles de la sacristie a été réalisée par Mercier, un ébéniste de Gannat, au XVIIe siècle ; elle séparait à l’origine la nef du chœur, la nef était occupée par les paroissiens alors que le chœur était occupé par les chanoines. Cette sacristie servait de salle capitulaire aux chanoines.
Les chapiteaux
Lors de votre visite, ne manquez pas :
– Les vitraux du XIXe siècle de la partie gothique, les noms de leurs commanditaires y sont gravés dessus,
– Les différentes statues des chapelles rayonnantes du chœur gothique,
– Les nombreuses clés de voûte du chœur gothique si vous levez les yeux.