L’histoire du village d’Ennezat

Assemblée des seigneurs d’Auvergne à Ennezat

A quoi pouvait ressembler ce village en 955 pour que le duc d’Aquitaine de l’époque, Guillaume Tête d’Etoupes, décide d’y convoquer l’assemblée des seigneurs d’Auvergne pour la levée de troupes et où il y reçut leur serment de fidélité ? Et 100 ans plus tard pour que l’un de ses successeurs, Guillaume VI, décide d’y fonder un chapitre de 12 chanoines, qui entreprennent aussitôt la construction d’une église romane, faisant alors sortir le village de son anonymat.

Le Moyen Age une période prospère pour le village

Cette période du Moyen Age est prospère et a permis au village de se développer.
Ce n’est certainement pas un hasard si, 200 ans après la création du chapitre, en 1260, le frère de Saint Louis, Alphonse de Poitiers, qui a reçu l’Auvergne en apanage lorsque cette province est tombée dans le giron du roi des francs, décide d’y créer une de ses 26 villes nouvelles. Et à la même période, une colonie juive s’y installe pendant près de 200 ans.
Les nouveaux seigneurs d’Ennezat auront alors à cœur de faire prospérer cette ville :
– création de 2 foires annuelles par Guillaume Flotte en 1341, à la Saint Marc (25 avril) et à la Saint Michel (29 septembre),
– création d’un couvent des Augustins en 1352,
De leur côté, les chanoines feront agrandir et embellir l’église.

Des jours plus sombres pour Ennezat

Mais l’incendie du château en 1690 va amorcer la descente du village, les revenus du chapitre diminuent, la Villeneuve d’Ennezat n’a pas d’octroi, les remparts sont source de conflit, le triage du Duc de Bouillon va priver les habitants d’une partie de leur pâture.

La Révolution va fusionner Ennezat le Château et la Villeneuve et le village va devoir se réorganiser.

Bouleversement au XIXe siècle

Le XIXe siècle sera porteur de profonds changements qui vont bouleverser ce village essentiellement agricole :
* chemins vicinaux qui vont permettre un meilleur déplacement des gens et des marchandises,
* règlementation autour de la santé,
* école obligatoire pour tous,
* nouveaux métiers,
* création de corporations, d’associations professionnelles, de mutuelles pour que les gens ne se retrouvent plus seuls face à leurs problèmes.

Le XXe siècle

La révolution industrielle est en marche mais elle ne profitera pas vraiment au village qui devra attendre le XXe siècle pour voir arriver l’électricité (1909), l’eau (1929), et le tout à l’égout (1959).

Les paysans pour la plupart prennent un emploi à la ville tout en gardant leurs champs, qui ne leur garantissent pas un revenu suffisant et leurs enfants ne seront pas tentés de prendre leur succession.

Ennezat qui compte plus de 1800 habitants après sa scission avec Entraigues en 1824, va voir ce nombre décroître jusqu’à 777 habitants en 1946.

L’assainissement du marais des Limagnes et la PAC (1960-1970) vont contribuer à l’amélioration de leurs revenus et à ramener au village bon nombre de citadins pas convaincus d’une meilleure vie en ville et Ennezat saura leur proposer un cadre de vie intéressant avec toutes les commodités mais sans les inconvénients de la ville.







Ennezat compte 2 484 habitants au dernier recensement en 2017
appelés les Nazadaires
Commune d’une superficie de 18,31 km2

Altitude : Mini : 308 m – Maxi : 333 m

Pour connaitre la démographie d’Ennezat de 1791 à 2021
Cliquez sur Courbe démographique

L’administration du village

Au début du XIIIe siècle, la ville d’Ennezat fait partie des biens du comte d’Auvergne confisqués par Philippe Auguste. Son fils, le roi Louis VIII, la donne en apanage à Alphonse de Poitiers, frère de saint Louis, qui y installe un de ses bailes et une ville nouvelle est construite.

A partir de là et jusqu’à la Révolution, 2 villes cohabitent avec 2 administrations différentes :

– Ennezat le Château ou Ennezat le Chastel

Ennezat le Château est le fief  des Seigneurs de Montgascon qui passe à la Maison d’Auvergne en 1279 lorsque Béatrix de Montgascon épouse Robert VI comte d’Auvergne, puis en 1389 à la famille de la Tour d’Auvergne, par le mariage de Marie d’Auvergne avec Bertrand de la Tour d’Auvergne. Le château restera dans la famille jusqu’à la Révolution.

Plans du cadastre napoléonien sur archives départementales Ennezat Cliquez sur ce lien pour obtenir le plan des archives départementales du Puy de Dôme

– Villeneuve d’Ennezat

Au décès d’Alphonse de Poitiers, Philippe le Bel  fait don d’Ennezat à son conseiller Pierre Flotte.
La famille Flotte conservera cette ville jusqu’en 1431. Puis plusieurs familles vont se succéder, parmi les plus importantes :
– Charles de La Rochefoucauld, comte de Randan, 1520-1583, est un militaire français. Il est gouverneur de Paris.
– En 1627, Jacques d’Estaing la vend à Antoine Coiffier dit Ruzé marquis d’Effiat maréchal de France pour 90 000 livres.
– En 1632, le petit fis d’ Antoine Coiffier la vend au financier John Law.
– En 1727, Ennezat fut adjugé pour 56000 livres à Benoit Maugue et ses descendants vont la conserver jusqu’à la révolution.

C’est la Révolution qui va unifier le village

Le 14 décembre 1789, la Constituante vote une loi créant les municipalités ou communes désignées comme la plus petite division administrative en France. 
Élection ou nomination ? La fonction de maire est passée par un certain nombre de modifications avant d’en arriver à la situation du XXe siècle.

Tout d’abord, les agents municipaux (maires) sont élus au suffrage direct pour 2 ans et rééligibles par les citoyens actifs de la commune, puis ils sont nommés par le préfet.
À compter de 1801, le maire est chargé seul de l’administration de la commune et les conseillers ne sont consultés que lorsqu’il le juge utile. Le maire exerce ce pouvoir absolu jusqu’en 1867.
La loi sur l’organisation municipale, promulguée le 5 avril 1884, qui inspire encore de manière substantielle la législation actuelle, établit le principe de l’élection du maire et des adjoints par le conseil municipal. Elle fixe le mandat à quatre ans.
Enfin, la loi du 10 avril 1929 porte de quatre à six ans la durée du mandat des conseillers municipaux, et donc des maires.

Réunion du conseil municipal

Patrimoine de la collégiale

La frise des abbés d’Ennezat

Peinture sur bois de la fin du XIIIe siècle, ancienne porte de la sacristie conservée au Musée Roger Quilliot à Clermont-Ferrand

En 1838, Prosper Mérimée repère une peinture sur bois très ancienne au niveau de la porte de la sacristie de la collégiale d’Ennezat.

Voici ce qu’il décrit : «  La porte de la sacristie, qui donne dans le chœur, est un vieux tableau fort curieux, peint sur un panneau épais de noyer couvert d’une impression de céruse. On y voit trois évêques, assis dans leurs chaires, revêtus de costumes magnifiques, brodés d’or et de pierreries, portant des mitres très basses… Le style de cette peinture doit la faire regarder comme très ancienne, c’est peut être un ouvrage de quelque artiste italien….. Malheureusement le panneau a beaucoup souffert ; on y a enfoncé des clous, on l’a entaillé en vingt endroits ; enfin les paysans d’Ennezat, depuis bien des années sont dans l’usage d’y inscrire leurs noms avec la pointe de leurs couteaux… Tout mutilé qu’il soit, c’est encore un morceau très précieux… »

Sur les conseils de Mérimée, cette porte est achetée par le préfet de l’époque, Marc Meinadier, pour l’offrir au musée de Clermont, où elle est conservée depuis cette époque.

C’est une œuvre exceptionnelle par sa qualité et sa grande rareté.

Pour en savoir plus sur cette peinture sur bois, cliquez sur La frise des abbés d’Ennezat

Les peintures murales de l’église

Si cette frise a quitté l’église il n’en reste pas moins deux peintures murales remarquables qui valent à elles seules la visite de l’intérieur de l’église :

La plus ancienne date de 1405. Elle a été commandée par l’abbé Horelle ; c’est une peinture à la cire sur enduit sec. A l’origine elle se trouvait sur le mur de clôture du chœur, vers l’entrée du collatéral sud. C’est Mallay qui l’a faite déplacer et mettre à son emplacement actuel : il s’agit de la scène du jugement dernier.

« pria pour moy qui me regardes quar tyel seras quant que tu tardes : fais le bien tandis que tu vis quar après la mort n’auras nulz amis » auquel répond l’ange à droite : « regarda la grand’pitye de nature humayne. Come vient à destruction et forma vilayne. »

La seconde est une fresque qui date de 1420 ; elle a été commandée par le chanoine Robert de Bassinhac en l’honneur de sa famille entièrement décimée.
Elle est en 2 parties, la partie inférieure montre la famille du chanoine présentée à la vierge, dans la partie supérieure 3 élégants damoiseaux font face à 3 spectres décharnés. Cette fresque est appelée « le dict des 3 morts et des 3 vifs ».

« tel que tu es je fus, tel que je suis tu seras »

La sacristie



La porte séparant les 2 salles de la sacristie a été réalisée par Mercier, un ébéniste de Gannat, au XVIIe siècle ; elle séparait à l’origine la nef du chœur, la nef était occupée par les paroissiens alors que le chœur était occupé par les chanoines. Cette sacristie servait de salle capitulaire aux chanoines.

Les chapiteaux

Lors de votre visite, ne manquez pas :

– Les vitraux du XIXe siècle de la partie gothique, les noms de leurs commanditaires y sont gravés dessus,

– Les différentes statues des chapelles rayonnantes du chœur gothique,

– Les nombreuses clés de voûte du chœur gothique si vous levez les yeux.

Plaquette pour la visite de l’église recto éditée par RLV

Plaquette pour la visite de l’église verso éditée par RLV

Visite de l’église à travers quelques photos