Les pompiers
Jusqu’au XVIIIe siècle, les moyens de lutte contre les incendies sont très rudimentaires. En 1716, naît le corps des « Gardes Pompes » service public permanent et gratuit. Une ordonnance royale de 1733 étend à tout le Royaume la « gratuité des secours ». Furieux de l’inefficacité des secours lors de l’incendie de l’Ambassade d’Autriche en 1810, Napoléon dissout le corps des gardes-pompes de la ville de Paris qui est remplacé le 18 septembre 1811 par un un corps militaire, le Bataillon de sapeurs-pompiers de Paris. Leur organisation est calquée sur le modèle militaire pour être efficace, mais ils ne portent pas d’armes.
L’appellation sapeur vient du Moyen Age, en l’absence de réseau de distribution d’eau, les ancêtres des pompiers n’avaient d’autre choix que de «saper» les bâtiments voisins, c’est-à-dire les abattre par la base afin d’isoler l’incendie.
Dans le village d’Ennezat, il faut attendre la 2ème moitié du XIXe siècle pour assister à la naissance de la compagnie de sapeurs-pompiers. C’est en mai 1861 qu’une compagnie de sapeurs pompiers est constituée. Elle est composée de 28 membres :
- 1 lieutenant commandant, 1 chirurgien, 1 sergent major,
- 2 sergents, 4 caporaux,
- 1 tambour et 3 clairons et 17 pompiers.
Une pompe à incendie est achetée dès cette année-là pour la somme de 1654 francs.
Au début du XXe siècle, les pompiers d’Ennezat auront à faire face à 2 incendies dans le village :
– le 21 février 1903 une grange et une écurie brûlent en plein centre bourg ;
– le 8 octobre de la même année, à la sortie est du village un important incendie est déclaré, détruisant deux maisons et 9 granges. Il faudra presque une journée aux pompiers du village et à ceux de Riom venus leur prêter main forte pour l’éteindre. Il y eut 13 familles sinistrées et une personne assez grièvement brûlée.
Dès 1905 une 2ème pompe à incendie est achetée ainsi qu’un chariot avant-train pouvant porter 6 à 8 hommes, nul doute que les 2 incendies de l’année précédente ont été décisifs pour cette dépense.
De nouvelles pompes sont achetées en 1929 et 1939 ; des bornes à incendie sont installées dans le village en 1949. En 1950, on investit dans du matériel d’incendie pour 200 000 F. Le 19/11/1967 le conseil municipal décide l’achat d’une nouvelle moto pompe à incendie pour 15 000 F.
Le local utilisé par les pompiers est alors situé place Étienne Clémentel ; il sera démoli en 2018.
Fourgon d’incendie aménagé en 1970 (Citroën HY)
Journée portes ouvertes chez les pompiers d’Ennezat
Le samedi 10 juin 2023, les pompiers d’Ennezat ont fêté les 160 ans de la compagnie mais aussi les 20 ans de la caserne, l’occasion de faire une journée portes ouvertes.
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Quelques photos de cette journée
Les gendarmes
La gendarmerie telle que nous l’entendons de nos jours est la descendante des maréchaussées, créées au moment de la guerre des Cent ans (1337-1457).
C’est la La loi du 16 février 1791 qui marque la véritable naissance de la Gendarmerie.
Les missions de la Gendarmerie sont de deux ordres :
– les missions de police administrative, destinées à prévenir les troubles
– les missions de police judiciaire, destinées à réprimer les faits n’ayant pu être empêchés.
A sa création, elle est particulièrement impopulaire en milieu rural car elle est chargée de s’opposer à des coutumes (droit d’usage dans les forêts, droits de chasse réduits…), et de mettre en œuvre la conscription.
La Gendarmerie est réorganisée par l’ordonnance du 29 octobre 1820.
À partir de 1835, ses effectifs augmentent ainsi que sa réputation, les brigades se ressemblent toutes, elles comportent systématiquement 5 ou 6 gendarmes logées dans un chef-lieu de canton.
Elle est ensuite réorganisée, par un décret du 1er mars 1854.
Une brigade de gendarmerie arrive à Ennezat en 1850; elle est composée d’un brigadier et de 4 gendarmes, cette composition sera identique jusqu’en 1900, puis le brigadier sera remplacé par un maréchal des logis et toujours 4 gendarmes jusqu’à la 1ère guerre mondiale ; après la guerre, la brigade ne comportera plus que 4 gendarmes.
Les gendarmes seront d’abord logés rue de la Porte Neuve puis ils seront transférés dans la rue des Boucheries qui deviendra alors la rue de la Gendarmerie.
En 1951, le bail de cet immeuble arrivant à expiration et le propriétaire souhaitant le vendre, le conseil municipal va décider d’acheter le bâtiment (1 600 000 F) afin de garder la brigade dans le village. En 1965, la brigade, composée de 8 gendarmes, est transférée rue de la Porte Neuve où un nouveau bâtiment a été construit pour un budget de 483 622 F, et, en 2017, la brigade composée de 11 gendarmes déménage dans de nouveaux locaux, rue Jean Ferrat.
Les gardes champêtres ou police rurale
La police rurale est très ancienne, puisqu’elle remonte au haut Moyen Âge ; elle est représentée par le garde champêtre chargé de la surveillance des récoltes.
Sous le règne du roi Louis XIV, ces gardes doivent, en plus, surveiller « le droit exclusif de chasser » (ordonnance de 1669).
La révolution de 1789
Les décrets d’août 1789 abolissent le droit exclusif de chasse. Le monde rural découvre alors une grande liberté sans garderie qui va se traduire rapidement par des abus et un grand désordre. Les communes vont alors recevoir la lourde charge de recruter des gardes champêtres, mais ces derniers sont alors sans pouvoir réel.
Le corps des gardes champêtres est véritablement instauré par les lois de septembre et octobre 1791, mais c’est la loi du 8 juillet 1795 qui définit le statut du garde champêtre, le rendant entre autres obligatoire dans toutes les communes rurales de France et établit des critères de recrutement précis. Le garde champêtre doit prêter serment devant le juge de paix du canton « de veiller à la conservation de toutes propriétés qui sont sous la loi publique et de celles dont la garde leur est confiée« .
Malheureusement, les conditions d’embauche limitent considérablement le nombre de candidats potentiels, mais surtout, le métier de garde champêtre est très mal rémunéré et le maire qui a réellement le pouvoir de nomination recherche surtout un homme à tout faire, sûr et fidèle. On retrouve ces policiers des campagne portant un tambour pour faire office de « crieur »; on les retrouve également secrétaires de mairie ou cantonniers.
Le garde champêtre au XIX e siècle
Au début du XIXe Ennezat prend très à cœur cette nouvelle fonction et on peut lire sur les différents comptes-rendus du conseil municipal :
2 brumaire an 8 (24.10.1799) : nomination du garde champêtre Jean Barnier 200 F alloués,
28 pluviose an 10 (17.02.1802) : traitement des 3 gardes champêtre (300 F), l’instituteur (240 F),
12 brumaire an 11 : exécution de la loi du 28 floréal an 10 levée de conscrits an 9 et 10, l’appel des conscrits a été fait au son du tambour, 19 se sont présentés, seulement 10 étaient nécessaires, le choix s’est fait au tirage au sort, ceux qui ne partaient pas donnaient 12F,
24 pluviose an 13 (13.02.1805) : remplacement du garde champêtre Jean Barnier par Joseph Galliard militaire invalide,
23 janv 1809 : prise de fonction du nouveau maire (Boutaudon), du garde champêtre, du curé,
14 juin 1812 : le paiement des gardes champêtres,
5 janv 1817 : délibération pour nommer un nouveau garde,
12 mai 1818 :organisation des gardes-champêtre,
15 mai 1818 :assemblée des maires du canton pour la nomination d’un brigadier, des gardes champêtres du canton,
25 oct 1819 :publication de l’ordonnance royale concernant les communaux qui a été faite au son du clairon les 5-12 et 19 septembre,
12 mai 1822 : réclamation d’un arriéré de salaire par le garde champêtre Joseph Galliard.
À partir de 1820, une certaine stabilité s’instaure dans la mise en place des gardes champêtres qui restent plus longtemps en fonction.
Dès 1822 ils se sont vus doter des premiers fusils ou pistolets.
En plus de la surveillance des propriétés rurales et forestières ainsi que de la chasse, le garde champêtre se voit attribuer un accroissement de compétences.
Vers 1840, connu de toute la population rurale, le garde champêtre, apprécié par certains décrié par d’autres a abandonné le bicorne au profit du képi.
La nouvelle loi municipale du 5 avril 1884 n’a pas maintenu le principe de l’obligation d’avoir au moins un garde champêtre dans toutes les communes rurales afin de décharger les communes pauvres d’une obligation qui pouvait s’avérer très onéreuse.
En 1884, la France comptait 28.589 gardes champêtres.
Le garde champêtre au XXe siècle
Au début de xxe siècle, le garde champêtre fait entièrement partie du paysage rural. Il entre dans ses attributions de proclamer à la cantonade, sur un roulement de tambour ou à son de trompe, diverses décisions officielles (arrêtés municipaux, décrets préfectoraux, ordres de mobilisation générale).
Les manuels d’instruction civique et morale de cette époque disent que pour être un bon citoyen, on doit respecter l’autorité de tous les agents serviteurs de la Loi, depuis le garde champêtre jusqu’au président de la République ; cette morale républicaine fait qu’avec le maire et l’instituteur, le garde champêtre devient, lui aussi, un personnage incontournable dans la vie du village.
1958 : le remaniement et la grande baisse d’effectifs
En 1958, la disparition du code d’Instruction criminelle au profit du code de procédure pénale va lui faire perdre sa qualité d’officier de police judiciaire. Il devient un agent chargé de certaines fonctions de police judiciaire ; il conserve néanmoins la majeure partie de ses compétences policières, ce qui le fait rester un agent de police puissant par ses prérogatives.
Depuis 1958, le garde champêtre n’est plus obligatoire dans les communes rurales, ce qui va porter préjudice à la profession par la lente disparition des 20 000 à 30 000 gardes champêtres de l’époque, qui, pour la plupart, ne sont pas remplacés à leur départ à la retraite.
Quelques gardes champêtres d’ Ennezat :
Lanore, Jean Barnier, Joseph Gaillard, Antoine Boislong, Antoine Boeuf, Pierre Pitre, Victor Demay, Jean Tachard, Jacques Blanquet, Gilbert Bargelat, François Faure, Amable Boilon, Jean Pinon, M. Seguin, M. Legendre, J.B. Carrias, Joseph Tixier, M. Alexandre.