Les pigeonniers…

Les « colombiers » étaient le symbole du pouvoir avant la révolution. Ils furent le symbole des libertés acquises après le 4 août 1789.

Sur la carte agricole de l’ancien régime, on constate que le nombre et la répartition des colombiers dépendent de la culture du blé. Ils sont nombreux en Normandie, en Ile de France, Beauce et Limagne. La ville d’Ennezat possède encore une trentaine de colombiers de toutes sortes, il suffit de lever la tête pour les voir.

Ils sont tous intégrés aux bâtiments des anciennes fermes sauf un, bâti en colombage et sur pied en chêne séparé du corps de ferme. Sous l’ancien régime,  seuls les seigneurs haut justiciers possédaient ce genre de pigeonniers. Situé rue du colombier il est classé au titre des monuments historiques et il est le symbole de notre ville d’Ennezat. Aujourd’hui on assiste à un exode des pigeons vers les villes pour cause de nourriture facile.

LE COLOMBIER RAFRAICHIT SA COIFFURE
Article La Montagne 22.12.2022

Le patrimoine de la commune d’Ennezat est riche et varié. Si la collégiale St Victor et Sainte couronne est le monument le plus connu et le plus visité, le pigeonnier de la rue du colombier est le plus photographié. Son propriétaire Yves Marmoiton a entrepris des travaux de restauration complète de la toiture qu’il a confiés à l’entreprise Portalinha Dos Santos. Ayant déjà refait les couvertures de la grange et de la maison d’habitation du corps de ferme, celle-ci était qualifiée pour mener à bien ce travail compliqué.

Le maire adjoint chargé de l’urbanisme Jean Paul Faure, a félicité et remercié le propriétaire pour la remise en état de ce joyau du patrimoine d’Ennezat, soulignant que la mairie a apporté son soutien pour la discussion avec la DRAC sur le choix des matériaux.

Seuls les nobles hauts justiciables de l’ancien régime pouvaient posséder un pigeonnier à pieds séparés du logis principal. Construit au XVIIe siècle par la famille de Chacaton, la taille du pigeonnier était proportionnelle à la richesse de ses propriétaires. Cette famille, originaire de la région de Montmaraut dans l’Allier possédait de nombreuses métairies en Bourbonnais et plusieurs fermes en Limagne, dont celle de M. Marmoiton. Les Chacaton connurent leur apogée au XIXe siècle jusqu’à ce que les trois fils engagés à la guerre de 1914 périssent au chemin des dames. En 1939 leur château de Chermont a brulé entièrement et, à partir de 1950, tous leurs biens furent vendus et les parents d’ Yves Marmoiton firent l’achat de la ferme d’Ennezat en 1956.

Après la révolution, le privilège de colombier fut aboli et chacun put avoir son pigeonnier. Les pigeons représentaient une nourriture abondante et bon marché. La fiente appelé aussi colombine était un engrais recherché et précieux pour les paysans.

Les colombiers sont nombreux dans les régions où l’on produit du blé. En Limagne, 41 sont aujourd’hui répertoriés et classés. Peu sont en aussi bon état que celui de M. Marmoiton.

Le pigeonnier de la rue du Colombier est un témoin du passé, il est un morceau de notre pays. Parfaitement restauré, il sera transmis aux générations futures qui à leur tour en prendront soin.